Le réel lointain

Lapidaire et polyphonique, l'écriture de Paul Roddie fraye son chemin entre un
réel qui nous prend à la gorge et ce qui du réel nous est hors de portée,
entre les vagissements et les râles, entre les violences que nous fait subir
la vie et celles que nous lui infligeons, entre ce qu'elle a de plus âpre et
ce qu'elle a de plus soyeux aussi. Concision stylée, lucidité intransigeante :
chaque aphorisme se tient ferme en bord d'abîme et cible le centre
éternellement fuyant de l'être. Avec un pessimisme radical qui ne va pas sans
une très littérale ironie : Ce crayon qui me mine - Dans l'écriture, tout est
affaire d'épreuves - Heureusement que je n'ai plus d'espoir. Il ne manquerait
plus que ça. Et Tout est illusoire ici-bas sauf la poésie qui est la
concrétisation d'une absence. Aux lecteurs de le vérifier : Tout poète
écossais en état de grâce marche sur des chardons ardents. Christian Cavaillé