Les Tendres plaintes, roman

Yōko Ogawa

Actes Sud

  • 13 octobre 2010

    Quel bonheur de lire ce livre. Je l'ai emporté partout avec moi lors de mon séjour parisien. C'est au Jardin du Luxembourg que j'ai quitté Ruriko, Nitta et Kaoru.

    La narratrice, Ruriko, vient apaiser ses peines dans un chalet familial au coeur de la forêt. Elle exerce le métier de calligraphe et souhaite profiter de ce moment de repos pour terminer la biographie d'une vieille dame.

    Par une nuit de tempête, elle rencontre ses voisins. Kaoru, l'assistante de Nitta, facteur de clavecin. Le silence de Nitta intrigue et charme Ruriko. S'installe alors un huis-clos entre ces trois personnages touchés par un passé sentimental douloureux. Ruriko a quitté son mari infidèle, la femme de Nitta l'a quitté et Kaoru s'est enfuie de Nagasaki, après avoir perdu son compagnon de manière affreuse.

    Ce roman publié au Japon en 1996 est un condensé remarquable des leïtmotivs chers à Ogawa: l'importance de l'écriture sous toutes ses formes, le retrait du monde et sa course infernale et puis quelques références communes à d'autres oeuvres notamment les doigts qui rappellent L'Annulaire. Les paysages sont magnifiques, une grande quiétude s'échappe de cette jolie prose. Le regard porté sur la nature, sur ses sonorités, la magie des nuits, la solitude des individus donnent au récit beaucoup d'intensité.

    J'aime beaucoup les romans où la description l'emporte sur l'action et je suis vraiment charmée par l'art d'Ogawa. Le thème du huis-clos et du refuge ont attiré mon attention. C'est un petit bijou sur l'air des "Tendres plaintes" de Jean-Philippe Rameau. On trouve beaucoup de douceur dans ce livre. Ogawa offre une belle description de l'art sublimé de fabriquer un instrument: le clavecin. La musique est omniprésente.Un doux moment de lecture.

    Traduit du japonais par Rose-Marie Makino et Yukari Kometani.