Le dîner

Herman Koch

Belfond

  • Conseillé par
    18 octobre 2011

    Une satire sociale surprenante !

    Paul professeur d’histoire en disponibilité est le narrateur de ce roman, il est marié à Claire avec qui il a un fils, Michel, âgé de 15 ans. Paul a un frère qui est en passe de devenir le prochain premier ministre des Pays-Bas, lui aussi est marié et père de trois ados dont un adopté originaire du Burkina Faso. Un soir les deux couples se donnent rendez-vous dans un restaurant de renom. Le genre de restaurant où il faut réserver trois mois à l’avance pour avoir une table, où tout est hors de prix malgré des assiettes pour ainsi dire vide, où le service n’en fini pas parce que le serveur détaille l’origine de chaque ingrédients, bref le genre d’endroit qui agace pompeusement le narrateur, Paul. Sans compter que son frère se fait attendre, que toute l’attention lui est réservée et qu’il veut gérer la conversation qui fait qu’ils sont tous réunis ce soir. A savoir, trouver la bonne solution pour faire face au forfait innommable que leurs garçons ont commis. Pour l’instant seul les parents ont reconnus leurs ados sur la vidéo, mais les autorités recherchent les coupables, et le futur premier ministre envisage de renoncer à sa carrière pour dénoncer les enfants et faire face à ses responsabilités de père. Mais son frère Paul ne l’entend pas de cette oreille, dès le début du repas, on ressent l’animosité dont il est habité vis-à-vis du restaurant, du service, de son frère, de son travail, de ses élèves, de ses collègues, de la société toute entière. Seuls sa femme et son fils semblent cautionner tout ce qu’il dit et fait.

    On assiste impuissant à un déballage de faits et gestes révoltants, le malaise s’installe et va grandissant jusqu’à la fin du roman. J’avoue avoir eu un peu de mal au début, ne comprenant pas où l’auteur voulait en venir, souvent mal à l’aise face au comportement de ce père. Puis au fur et à mesure des révélations du narrateur, on essaie vainement de se mettre à sa place pour comprendre et analyser cette société décrite par Herman Koch, grinçante, irresponsable, complètement amorale. Puis au final on se dit mais qui sommes-nous pour juger, qu’aurions-nous fait nous, parents ? Une satire sociale déconcertante qui bouscule parce qu’elle est loin d’être irréaliste, c’est bien ça le pire !
    Herman Koch est né en 1953. Très connu en Hollande pour ses émissions de télé satiristes et pour ses chroniques dans la presse écrite, il est également un auteur renommé avec ses romans, tous marqués d'une ironie grinçante. La consécration lui vient avec Le Dîner, élu livre de l'année aux Pays-Bas, où il a connu un succès phénoménal avec près de 400.000 exemplaires vendus. Traduit en une quinzaine de langues, Le Dîner est son premier roman à paraître en France.


  • Conseillé par
    17 octobre 2011

    Voici un roman qui nous fait découvrir avec humour les plaisirs de la table sur le mode néerlandais : le petit doigt du serveur est un régal.

    Puis on découvre peu à peu l'arrière plan de l'histoire : une famille qui semble heureuse mais que le temps effrite. D'abord le père, enseignant, qui fait une dépression ; puis la mère atteinte d'une grave maladie ; et enfin le fils au comportement violent.

    Sans oublier le frère aîné et sa femme qui doivent à la fois protéger leur fils et la carrière politique du mari, futur premier ministre.

    Tout est distillé au compte-goutte, l'auteur lançant une anecdote, fait monter la sauce, puis revient au restaurant et au déroulement du repas ou tout le monde veut sauvegarder les apparences.

    Un bémol : le début est un peu long, la sauce a du mal à prendre, puis j'ai lu de plus en plus vite pour ne pas qu'elle attache et pouvoir connaître le goût du plat. Et quel plat !

    L'image que je retiendrai :

    Celle du père écoutant les messages du portable de son fils et découvrant ce que sa femme sait déjà.


  • Conseillé par
    11 octobre 2011

    Sur une trame plutôt guillerette, nous entrons cependant au coeur d'un véritable drame familial, dont nous ne prenons conscience qu'à la fin de ce livre, si pas même une fois ce roman terminé!

    Un roman haletant rythmé par le déroulement d'un repas au sein d'un restaurant gastronomique hollandais où deux frères et leur épouse respective décident de mettre un plat un drame ayant réuni leurs deux fils.

    Jusqu'où sommes nous prêts, en tant que parents, à aller pour protéger notre enfant? Un crime commis par deux ados "biens sous tous rapports" peut il nous sembler tout de suite beaucoup moins alarmant lorsqu'il est commis par notre propre fils?

    On sort de ce livre avec un tas de questions. Et on prend peur. Car ces deux ados "de bonne famille" pourraient ressembler aux nôtres...

    Un semi thriller psychologique, se déroulant comme un huis clos, haletant et mémorable.

    A lire avec empressement!!!


  • Conseillé par
    1 juillet 2011

    Deux couples dînent dans un grand restaurant à Amsterdam. Deux frères et leurs épouses. Entre les plats, on parle du dernier film qu’il faut voir ou des vacances. Au dessert, ils vont devoir parler de leurs enfants. Que vont-ils faire alors que les leurs adolescents ont commis un acte odieux ? Pas une petite bêtise qui se règle par une punition quelconque. Non, on parle de la mort d’une SDF …

    Le déroulement du dîner est raconté par Paul. Son frère n’est autre que Serge Lohman le futur candidat au titre de premier Ministre. Bien placé dans les sondages, Serge a toutes les chances d’être élu. Au début, l’humour corrosif et les réflexions sarcastiques de Paul m’ont fait sourire. Des propos justes et pertinents sur la façon dont le maître d’hôtel présente le plat, sur le vide de l’assiette pour un prix exorbitant…de quoi me faire jubiler ! Son frère Serge est hautain, prétentieux mais souriant et hypocrite quand il s’agit de gagner quelques voix supplémentaires. On sent la jalousie de Paul devant de ce frère connu dans tout pays. Les flash-back de Paul nous permettent d’en apprendre un peu plus sur lui et le reste de sa famille.

    Puis survient la claque. Inattendue et brutale. Ce qui semblait être un roman à l’humour vitriolé prend une autre dimension et un tournant inattendu. Michel et Rick les fils respectifs de Paul et Serge ont tué une SDF. Un acte d’une violence gratuite et inouïe filmé par la caméra de la banque où dormait la SDF. Retransmises à la télé, ces images ont choqué l’opinion publique. Deuxième claque : Paul découvre que son fils et son cousin s’en sont pris à un homme dans le couloir du métro. Ils l’ont tabassé sans aucune raison. Acte gratuit que Michel a filmé avec son portable. Puis, survient les uppercuts et le coup de poing final, celui qui laisse le lecteur KO… Je n’en dis pas plus !

    Racisme, intégration,éducation des enfants, justice, culpabilité, violence gratuite… Certains feront un rapprochement avec La gifle de Christos Tsiolkas (livre que j’avais abandonné). Mais, la comparaison n’a pas lieu d’être à mon sens. D'une construction originale, l’écriture est sans vulgarité et la fin est complètement inattendue !
    Herman Koch amène le lecteur de surprise en surprise ! Certains diront que la morale est bafouée mais ce livre ne peut pas laisser le lecteur indifférent vu les sujets traités. Ce roman nous amène à nous poser des questions et à réfléchir car jusqu’où irions-nous pour protéger nos propres enfants ?


  • 26 avril 2011

    Alliance détonante d’une comédie de mœurs à l’humour ravageur et d’un roman noir à la tension implacable, "Le dîner" dresse le portrait d’une société en pleine crise morale.

    Deux frères se retrouvent pour dîner dans un restaurant branché d’Amsterdam avec leurs épouses. D'un côté, Serge, le politicien en vogue, peut-être futur Premier ministre, et sa femme Babeth. De l'autre, Paul, enseignant en disponibilité, et son épouse Claire. Un resto chic et cher, un maître d'hôtel aux petits soins, des plats tendances... : tout semble réuni pour passer une bonne soirée. Pourtant, c'est une "affaire de famille" de la plus haute importance qui les rassemble ici ce soir. Mais les quatre personnages évitent soigneusement le véritable sujet du dîner : un acte d’une violence inouïe commis par leurs enfants, Rick et Michel.


    La tension monte peu à peu au cours de ce dîner en cinq étapes (apéritif, entrée, plat, dessert, digestif et pourboire). Un huis clos original, étonnant, dérangeant, ridicule et glaçant d'une bourgeoisie prête à renoncer à toutes ses valeurs morales... A dévorer sans plus attendre.