Le Club des enfants perdus

Rebecca Lighieri

P.O.L.

  • Conseillé par
    22 octobre 2024

    Récit d’une jeunesse qui a tout pour être heureuse néanmoins très perturbée par des inquiétudes.

    Rebecca Lighieri immerge son lecteur dans l’enfer, où le père, Armand, reprenant la parole à la fin de l’ouvrage, réussira à rassembler toute la sympathie du lecteur, retrouvant ainsi son statut de père attentif, mais déboussolé, comme tous. Complètement à contre-courant de ce que la littérature produit actuellement, l’écrivaine réussit à dépeindre une jeunesse égarée, sans espoir. Ainsi, cette jeunesse qui normalement aurait tout pour être heureuse, ne peut s’inscrire dans l’avenir sans penser que le monde est en voie d’extinction. Un roman qui dérange, inquiète, mais permet de comprendre l’inquiétude de la jeunesse actuelle.
    Chronique illustrée et complète ici
    https://vagabondageautourdesoi.com/2024/10/20/le-club-des-enfants-perdus-rebecca-lighieri/


  • Conseillé par (Libraire)
    20 octobre 2024

    Un roman à deux voix addictif qui pointe le désespoir de la jeune génération

    Rebecca Lighieri nous offre un roman à deux voix qui débute avec le regard d’Armand, un acteur en pleine réussite, absorbé par ses succès et ses plaisirs. Bien qu’il aime sa fille Miranda, il est souvent dérouté par son comportement très introverti.

    Lorsque la narration se tourne vers Miranda, une toute autre réalité se dévoile. Sa voix crue et authentique révèle les souffrances de sa génération, marquée par un profond désespoir face à un avenir incertain.

    Le livre, d’une tonalité résolument noire, met en lumière des destins tragiques. Quand on comprend à quel club fait référence le titre du livre, on sait que la fin du livre sera bouleversante.

    L’œuvre de Rebecca Lighieri est bien plus qu’un simple récit familial ; c’est une réflexion touchante sur le désespoir de la jeunesse d’aujourd’hui, l’incommunicabilité et la quête de sens dans un monde en crise.

    Ce texte vous laissera sans doute avec des questions résonnant bien au-delà de la dernière page...


  • Conseillé par
    6 octobre 2024

    Le père de Miranda, Armand est un théâtreux imbu de sa personne, sûr de son immense talent, le type qu'on ne peut ignorer. Sa compagne, Birke, est une femme magnifique, "une chevelure d’un brun chatoyant", attirante, une actrice non dépourvue de talent, plutôt sur le déclin. Le couple est très amoureux. Leur fille de 27 ans est sans histoire, "la carnation cireuse",toujours "en jean et tee-shirt", peu expansive, timide, introvertie. Elle a vécu une longue et profonde dépression. Selon Birke, elle serait lesbienne.
    Quand elle rencontre Swann, un jeune acteur peu doué selon Armand, elle se transforme. Son père ne la reconnaît plus, "la nouvelle Miranda est souriante, sociable, presque trop volubile, par moments. À tel point que Birke s’interroge". Dans la première partie du roman, Armand tente de comprendre qui est sa fille, pourquoi elle est si amoureuse de Swann....
    Miranda se raconte ensuite. Hors de leur vue, elle a mené une vie très agitée. Elle boit, se drogue, mène une vie sexuelle débridée. Elle possède le don extraordinaire de pouvoir pénétrer dans le cerveau des gens. Sa grande empathie et sa sensibilité lui permettent d'éprouver leurs sentiments, de connaître leurs pensées, leurs conduites. Ces facultés sont une malédiction, car elle voit au-delà des apparences. Elle connaît les doubles discours, les mensonges, la duplicité des adultes. Miranda voit aussi ce que deviendra sa vie lorsque le désastre écologique deviendra insupportable. Qui sait et s'inquiète qu'elle se soit trouvé un club de 27 âmes sensibles dont les vies ont été trop courtes : Amy Winehouse, Jim Morrison, Jean-Michel Basquiat, Janis Joplin, Kurt Cobain ?
    Le roman offre un double point de vue sur une famille dysfonctionnelle où malgré un amour très présent, on ne se parle pas et on cache des secrets. Dans cette famille de comédiens qui ne vivent que par le théâtre, Shakespeare ou Racine, Miranda est un personnage de tragédie. Sa noirceur et son désespoir n'ont d'égal que l'appétit de vivre et l'exaltation des adultes. L'attirance de Miranda pour le club des 27 pose la question de savoir si ces artistes et tous ceux qui ont une sensibilité exacerbée peuvent se satisfaire de vivre dans le monde réel. Comment Miranda ne serait pas épuisée d'être "trop poreuse, trop sensible, trop traversée par la souffrance des autres, trop torturée par le dégoût et par l’amour que m’inspirait l’humanité" ? Le roman
    L'autrice s'intéresse au mal-être de la génération des 20-30 ans, à leur difficulté de vivre dans une société d'adultes où règne le matérialisme. Les enfants ont la faculté de rêver, d'avoir des amis imaginaires, de croire aux fées et aux contes. Alors, entrer dans le monde des adultes peut être une insurmontable difficulté.
    Le roman est jalonné de références au théâtre qui aident à passer au-delà des apparences, à parler des amours des personnages et de leur sexualité, à dévoiler les faux-semblants et les lâchetés.
    Difficile de se détacher de ce roman tragique et noir et de ses personnages attachants. D'autant que la belle écriture de Rebecca Lighieri est ciselée et riche.


  • Conseillé par (Libraire)
    28 août 2024

    Le club des enfants perdus

    Comme à chacun de ses romans, l’autrice nous plonge dans une famille qui dénote. Des parents acteurs, un père un peu trop sûr de lui, et une jeune adolescente qui n’est peut-être pas ce qu’elle prétend être. Rebecca Lighieri nous happe et nous entraîne dans les profondeurs insoupçonnées de l’être humain. A ceux que la noirceur ne rebute pas.


  • Conseillé par (Libraire)
    28 août 2024

    Redoutable

    Flamboyant. Armand et Birke sont de ces coups-là. Comédiens érudits, ils alternent les grands rôles du répertoire. Les années passent, le temps ne laisse aucune empreinte sur leur corps. Leur sexualité ne cille jamais. L'appétit est là dans toute son acception.
    Légère ombre au tableau : leur fille Miranda qu'ils adorent au demeurant, ne brille pas par son extravagance ni par son audace. Elle leur semble même un peu terne dans ses frusques trop grandes et un peu moches. Et comble du désarroi, aucune passion ne l'anime.

    C'est par la voix de son père Armand que nous faisons la connaissance de Miranda et de leurs vies respectives. Le ton est assuré et peu sujet à équivoque. Armand parle de sa femme Birke, qu'il adule, de lui-même qu'il apprécie beaucoup, du théâtre et de Miranda, avec qui il entretient une relation tendre et aimante...bien que critique.

    Survient alors dans une deuxième partie bien distincte, le point de vue de Miranda. Nous voilà propulsé dans la psyché complexe de cette jeune fille. Et bien sûr, c'est une découverte totale. Cette fille là ne ressemble en rien au portrait dessiné par son père. Et c'est brutal.

    Ce roman a cette particularité propre à certains romans denses et alambiqués : celui de vous agripper et de ne plus vous lâcher. Le style et la forme y contribuent fortement. La fluidité et la précision de la langue, le ton direct et cru. Les thématiques nombreuses. La parentalité et ses affres, la transmission de ses névroses (à plus ou moins haute dose) Ici le narcissisme exacerbé du père et de la mère semble bien avoir influer sur le comportement de leur fille, mais bien sûr pas que...les pistes d'un tel échec sont multiples et méandreuses…

    Un roman hypnotique à bien des égards, cruel et fichtrement glaçant.