Une île

Véronique Bizot

Actes Sud

  • Conseillé par
    7 octobre 2014

    Marie-Chantal à la plage

    Dans les années 70, souvenez-vous, il se racontait des histoires de Marie- Chantal, petites blagues anodines comme il en circule de temps en temps. L’héroïne en était une jeune femme, snob sans le savoir, sorte d’ingénue vivant hors du monde. Par exemple : « Marie-Chantal décide de changer de voiture –le cendrier était plein ».

    Nul ne sait où est passée cette Marie-Chantal, pourtant on pense immédiatement à elle lorsqu’on ouvre le dernier livre de Véronique Bizot, sobrement intitulé « Une île ». La narratrice de ce livre séjourne sur une île - d’où le titre - en vacances avec quelques amis. Quatre ou cinq psychanalystes, un producteur de France Culture. Déambulant dans une grande maison en désordre, ils souffrent de la chaleur mais vont parfois courageusement jusqu’au village pour acheter des journaux. La narratrice est très inquiète, elle a promis de rendre un manuscrit à son éditrice mais ne sait pas quoi écrire dedans -et alors qu’on avance dans ce livre, on mesure à quel point c’est l’exacte vérité, bien au-delà de ce qu’on aurait pu imaginer. Ce manuscrit est une commande de ladite éditrice, une femme « d’apparence incroyablement douce », avec qui elle a pris un café avant de partir. « Des choses me sont ensuite venues à l’esprit, mais disparates, volatiles, effilochées comme des effluves, depuis j’ai pris quelques notes, […] mais je ne vois pas comment organiser tout ça, j’ai peu de temps, j’aurais mieux fait de refuser, c’est évident ».

    On confirme : elle aurait mieux fait de refuser, c’est évident.

    Un de ses amis s’enquiert : « C’est bien payé ? ».

    La narratrice est perplexe : « J’ai dû avouer que nous n’avions pas abordé cette question de l’argent avec l’éditrice charmante ».

    On peut relire cette phrase durant un quart d’heure, on ne s’en lasse pas.

    Poursuivons.

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