La ballade de l'impossible

Haruki Murakami

10-18

  • Conseillé par
    3 août 2017

    Dans l'avion qui l'emporte vers Hambourg, Watanabe entend quelques notes de Norvegian Woods, une chanson des Beatles qui l'entraîne irrémédiablement vers ses 19 ans et son histoire avec Naoko. A cette époque, il était étudiant à Tokyo et avait par hasard croisé la route de la jeune fille qu'il avait déjà connue à Kobé lorsqu'elle était la petite amie de Kizuki, son meilleur ami, mort par suicide à l'âge de 17 ans. Encore marqués par ce drame, les deux jeunes gens s'étaient rapprochés et Watanabe était tombé amoureux de Naoko. Mais la jeune fille avait sombré dans une profonde dépression et s'était éloignée. Patient et fidèle à cet amour, Watanabe avait attendu sa guérison avec beaucoup d'espoir mais dans une presque complète solitude. Jusqu'au jour où Midori, étudiante comme lui, avait débarqué dans sa vie. Plus joyeuse, plus délurée, malgré ses problèmes familiaux, elle sortait Watanabe de sa torpeur, l'obligeant à regarder la vie et l'amour sans le voile de la dépression et du mal de vivre.

    Premier amour, amour impossible, amour à sens unique, amour passionnel, amour charnel, amour solitaire...il y a toutes sortes d'amour pour celui qui en fait l'apprentissage. Murakami en explore les méandres et les blessures car dans La ballade de l'impossible l'amour heureux est difficilement accessible. Il s'agit plutôt d'une quête désespérée, entre détresse psychologique, dépression et solitude. Les personnages, jeunes adultes un peu paumés, se débattent avec la vie et la tentation de la mort n'est jamais loin.
    Amitié et amour aux frontières fluctuantes, folie, suicide, choix de vie, deuil, destin...Watanabe aura eu sa part de coups durs, de désillusions, de drames. Et pourtant, dans toute cette noirceur, l'écriture de Murakami est lumineuse, poétique, hypnotique comme d'habitude. On se laisse entraîner par son récit d'apparence banale mais si plein de sens, de questionnements, et la nature japonaise, ses bois de cryptomerias participent à l'envoûtement. On ne sort pas indemne de cette lecture si belle et mélancolique qui berce de sa langueur, de sa sensualité, de son romantisme parfois. Encore un grand roman de Murakami.