Vengeance sur la plaine du temple Goji-in, Et autres récits historiques
EAN13
9782251900773
Éditeur
Les Belles Lettres
Date de publication
Collection
Collection Japon
Langue
français
Langue d'origine
japonais
Fiches UNIMARC
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Vengeance sur la plaine du temple Goji-in

Et autres récits historiques

Les Belles Lettres

Collection Japon

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Aussitôt Riyo recula d'un pas et, de son sabre court dont elle serrait
fermement la poignée, elle frappa instantanément Torazô. La lame s'enfonça du
sommet de l'épaule droite jusqu'à la poitrine. Torazô chancela. Riyo le frappa
une deuxième, puis une troisième fois. Torazô s'écroula. Riyo, la fille qui
venge son père à la place de son frère O-Sayo-san, toute jeune, mais qui
choisit elle-même son époux Run, la vieille femme qui attend patiemment plus
de trente ans le retour de son mari exilé Ichi, la gamine qui va défier les
autorités pour sauver son père condamné à mort, sans oublier Yu Xuanji, la
poétesse des Tang qui essaie de mener librement une vie d'artiste et de femme:
ces cinq récits historiques de Mori Ôgai, composés entre 1913 et 1915,
constituent autant de portraits de « nouvelles femmes » du Japon d'Edo et de
la Chine ancienne. Mori Ôgai (1862-1922), l'auteur de La Danseuse, Vita
sexualis et L'Intendant Sanshô, est un des grands rénovateurs de la
littérature japonaise moderne. Encore très mal connu en France, Mori Ôgai est
révéré au Japon comme grand maître. Il fut un pionnier, qui ouvrit des voies
nouvelles à la langue, au roman, à la poésie et au théâtre ; un passeur de la
culture occidentale, traducteur génial et critique attentif ; un intellectuel
partagé entre le service de l'État et les exigences d'une pensée libre ; un
historien, qui essaya de renouer les fils d’une mémoire déchirée par
l’ouverture du pays. Il avait étudié dès son enfance les classiques chinois,
le hollandais et l’allemand. Tout jeune médecin militaire, il part pour un
long séjour de quatre ans en Europe où il étudie la propreté et la
prophylaxie, auprès de Robert Koch par exemple, à Berlin. Dès son retour il se
lance dans une activité tous azimuts avec une énergie inépuisable. C’est à
cette époque qu’il publie la célèbre nouvelle La Danseuse (Maihime, 1890). Il
est aussi un des premiers à donner de belles traductions de poésie
occidentale. Les deux guerres menées par le Japon contre la Chine, en 1894 et
1895, puis contre la Russie, en 1904 et 1905, le retiennent loin de son pays,
sur les champs de bataille du continent. À son retour, il participe activement
à l’épanouissement de la fiction en langue moderne, initié par Natsume Sôseki
avec Je suis un chat (Wagahai wa neko de aru) en 1905. Il publie alors une
dizaines de récits, comme Vita sexualis (Wita sekusuarisu, 1909), Hanako
(1910, du nom de la danseuse sculptée par Rodin), Le Jeune Homme (Seinen,
1910), L’Oie sauvage (Gan, 1911-1913). Après la mort de l’empereur Meiji en
1912 et le suicide par éventration du général Nogi et de son épouse, Ôgai se
consacre à une longue série de récits historiques, dont le plus célèbre est
L’Intendant Sanshô (1914), qui sera superbement porté à l’écran par Mizoguchi
Kenji en 1954. Il s’engage ensuite dans des œuvres quasi expérimentales, des
biographies érudites d’intellectuels ordinaires de l’époque d’Edo, sans jamais
cesser d’encourager les jeunes écrivains ni se détourner de l’actualité
artistique européenne.
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