Mobilisations de victimes
EAN13
9782753539242
Éditeur
Presses universitaires de Rennes
Date de publication
Collection
Res Publica
Langue
français
Fiches UNIMARC
S'identifier

Mobilisations de victimes

Presses universitaires de Rennes

Res Publica

Indisponible

Autre version disponible

La figure de la victime nous est devenue très familière. Des essais dressent
l'inventaire de ses apparitions dans des pays occidentaux devenus « sociétés
de victimes », des enquêtes sociologiques constatent son influence
grandissante, tandis que le droit et les institutions sont réformés pour lui
faire une meilleure place. Le qualificatif de victime peut désormais avoir la
force d'un statut : titre à faire valoir pour l'obtention de prestations ou de
dédommagements, ou nouveau rôle à jouer sur la scène judiciaire. Journalistes,
professionnels de la politique et intellectuels constatent de leur côté
l'émergence d'une « figure de la victime » qui bouleverserait l'agencement des
droits nationaux comme du droit international, justifierait un nombre toujours
plus important de mesures de soutien psychologique ou de prise en charge
judiciaire, voire serait le signe d'une évolution des rapports entre les
individus. Cette évolution est décrite tantôt comme une humanisation, tantôt
comme une déresponsabilisation fondée sur la valorisation de la passivité.
Dans le même temps, des polémiques portant sur une « concurrence des victimes
» jettent un doute sur la légitimité de certaines prétentions à ce statut. Les
mobilisations de victimes suscitent de la compassion ou de l'indignation, plus
rarement des analyses. Les prophéties sur l'avènement de la victime sont
pareillement peu démontrées. Dans tous les cas, on parle de la victime, on la
fait parler pour autant qu'elle se « plaigne » ou qu'elle « témoigne », mais
on se préoccupe peu de savoir qui elle est, ce qu'elle dit et revendique, et
comment ses prises de position sont portées par des collectifs défendant une
cause « victimaire ». Cet ouvrage apporte un éclairage lucide sur ces
questions, en analysant des mobilisations de victimes relevant de terrains
variés (aux XXe et XXIe siècles, en France, dans les pays ex-communistes ou en
Amérique latine etc.). S'appuyant sur les acquis de la sociologie des
mouvements sociaux, les auteurs abordent les problèmes délicats d'un rapport
impartial de l'observateur scientifique à la victime, des phénomènes de
concurrence et de mimétisme entre mouvements, des processus par lesquels des
experts parlent pour les victimes, mais aussi de la manière dont « la victime
» en vient à exister en revendiquant ce titre et en se faisant reconnaître
comme telle.
S'identifier pour envoyer des commentaires.