L'Atomisation de l'homme par la terreur
EAN13
9791030415087
Éditeur
Éditions Allia
Date de publication
Collection
La Très petite collection
Langue
français
Fiches UNIMARC
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L'Atomisation de l'homme par la terreur

Éditions Allia

La Très petite collection

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C’est toujours par la terreur que la pensée totalitaire s’immisce chez
l’individu. Dans cet article publié en janvier 1946 dans la revue américaine
Commentary, Leo Löwenthal révèle l’usage de la terreur au sein des états
totalitaires. Selon lui, la terreur fasciste ne s’attaque pas seulement aux
corps mais à l’individualité même, en la désintégrant de l’intérieur. La
terreur détruit les liens, confisque aux individus leur propre passé, leur
capacité à anticiper leur avenir, et les rend ainsi plus vulnérables face aux
manipulations. La lutte pour la survie devient la préoccupation principale, à
l’exclusion de toute autre considération. La conscience de faire le mal
s’anesthésie peu à peu. C’est l’obéissance hiérarchique qui prend alors le
pas, justifiant la levée des inhibitions. Frappées de stupeur, les populations
se retrouvent dans un état de dépendance infantilisant. Cet engrenage,
libérant la violence dans une escalade perpétuelle, écrase tout espoir d’en
connaître un jour la fin. Car même libérés, les individus tendent à reproduire
les schémas d’action et de pensée propres au fascisme… Où cette terreur
puise-t-elle sa source ? C’est au sein même de la civilisation moderne que Leo
Löwenthal en identifie les germes. Le progrès technologique, la production de
masse nous ont appris à suivre des schémas préétablis sans les remettre en
cause. L’homme moderne, frustré par son impuissance, esseulé et déraciné, se
trouve prêt à accepter toutes les idéologies. Les fascistes furent les
premiers à saisir et à exploiter politiquement cette pauvreté spirituelle.
Aujourd’hui, ni le terrorisme d’État, ni le terrorisme tout court, n’ont
disparu. Précurseur de la philosophie du totalitarisme (concept qui commençait
alors seulement à émerger), Leo Löwenthal nous rappelle qu’il n’existe qu’un
seul remède à la terreur : la raison. Il nous faut renoncer à réduire l’homme
au statut de simple outil. C’est à ce prix que nous pourrons atteindre la
liberté et le bonheur. Originaire de Francfort-sur-le-Main en Allemagne, Leo
Löwenthal (1900-1993) est un pionnier de la sociologie de la culture. Issu
d’une famille juive, il rejoint en 1926 l’Institut de recherche sociale, et
fonde la Zeitschrift für Sozialforschung (Revue de Sciences sociales) en 1932.
La montée du nazisme le force à quitter son pays pour New York, aux côtés
d'autres philosophes tels qu’Adorno, Horkheimer ou Marcuse. Si nombre de ses
confrères retourneront en Allemagne après la guerre, Löwenthal restera quant à
lui aux États-Unis et rejoindra le département de sociologie de l'université
de Berkeley. Spécialiste de la critique sociologique littéraire, il est
notamment l'auteur de Literatur und Massenkultur (Littérature et Culture de
masse) et Das bürgerliche Bewußtsein in der Literatur (La Conscience
bourgeoise dans la littérature). Il est également l’un des représentants de la
critique du capitalisme et du postmodernisme, dont il refuse le cynisme et
dénonce les dangers. Figure emblématique de l'école de Francfort, il s'éteint
à Berkeley à l'âge de 93 ans.
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