Louis-Ferdinand Céline, le trésor retrouvé

En août 2021, plusieurs milliers de feuillets jaunis, raturés et reliés par
des pinces à linge ressurgissent. C’est un choc, une légende devenue réalité,
l’épilogue d’un roman policier hanté par le fantôme de Louis-Ferdinand Céline
(1894-1961) qui bouleverse la connaissance de son œuvre. “Ils m’ont rien
laissé… pas un mouchoir, pas une chaise, pas un manuscrit”, écrivait-il dans
son roman D’un château l’autre (1957). Il n’aura de cesse de le répéter
jusqu’à sa mort : on l’a volé. Or, les faits tels qu’ils apparaissent
aujourd’hui risquent de le démentir. En 1944, Louis-Ferdinand Céline fuit vers
l’Allemagne nazie. Dans le tumulte de la Libération, des manuscrits
disparaissent de son appartement, parmi lesquels plusieurs inédits. Pendant
soixante-quinze ans, ce trésor perdu va obséder les céliniens. Nombreux sont
ceux qui enquêteront, sans succès, au point de douter de l’existence même de
certains de ces textes. Au début des années 1980, Jean-Pierre Thibaudat entre,
dans le plus grand secret, en possession d’une caisse, un mètre cube de
papiers... de la main de Céline. Des milliers de feuillets jaunis, raturés,
certains reliés par des pinces à linge, des documents de toute sorte, des
centaines de pages de Mort à crédit et les mythiques manuscrits inédits. Une
condition était posée : ne rien divulguer avant la mort de Lucette Destouches,
veuve de Céline. Pendant plusieurs décennies, Jean-Pierre Thibaudat classe et
retranscrit ces documents. Après la mort de Lucette Destouches en 2019, il
fait connaître l’existence des manuscrits aux ayants droit de l’écrivain.
Début 2021, le journaliste fait l’objet d’une plainte, déposée par les ayants
droit pour recel de vol. Les manuscrits sont remis aux héritiers mais la
plainte sera classée sans suite. Au début du mois d’août 2021, la découverte
des manuscrits est rendue publique, suscitant un retentissement médiatique
mondial. En mai 2022 paraît Guerre chez Gallimard, premier de ces inédits dont
le succès est immédiat. En octobre 2022 paraîtra Londres. D’autres parutions
sont annoncées. Pour autant, l’affaire n’est peut-être pas terminée.
Qu’adviendra-t-il de ces documents ? Certains des plus sulfureux seront-ils
accessibles ? Qu’en est-il des manuscrits volés et toujours manquants ? Le
dépositaire accidentel d’archives de l’un des plus grands mythes littéraires
du XXe siècle livre ici la véritable histoire de ce trésor retrouvé. Né en
1947, Jean-Pierre Thibaudat est un journaliste et écrivain français. De 1978 à
2006, à Libération, il est responsable de la rubrique théâtre, puis
correspondant à Moscou durant quatre ans et enfin grand reporter. De 2006 à
2016, il est conseiller artistique du festival Passages, à Nancy et Metz.
Depuis 2007, il tient le blog “Balagan” d’abord à Rue89 et désormais sur
Mediapart. Il a publié de nombreux ouvrages ayant trait au théâtre.