- EAN13
- 9782754109581
- ISBN
- 978-2-7541-0958-1
- Éditeur
- Hazan
- Date de publication
- 28/09/2016
- Collection
- Catalogues d'exposition
- Nombre de pages
- 264
- Dimensions
- 28 x 23 x 2 cm
- Poids
- 1354 g
- Langue
- français
- Fiches UNIMARC
- S'identifier
Otto Dix et le Retable d'Issenheim
De Christoph Bauer, Aude Briau, Gitta Ho, Erdmuthe Mouchet, Daniel Schlier, Birgit Schwarz
Édité par Frédérique Goerig-Hergott
Hazan
Catalogues d'exposition
- Otto Dix (1891-1969) est l’un des artistes allemands les plus importants du XXe siècle, et pourtant il reste encore très peu représenté dans les collections publiques françaises. Une rétrospective de son œuvre a eu lieu en 1972 au musée d’Art moderne de la Ville de Paris, mais il a fallu attendre la fin des années 1980 et les années 1990 pour que de nouvelles expositions monographiques lui soient consacrées en France.
Dès 1996, une exposition organisée à Colmar évoquait l’influence des maîtres anciens dans son œuvre, parmi lesquels Hans Baldung Grien, Matthias Grünewald, Lucas Cranach, Albrecht Dürer et Hans Holbein.
Cette fois, le musée Unterlinden souhaite analyser la place qu’occupe dans l’œuvre d’Otto Dix le chef-d’œuvre de Grünewald, le retable d’Issenheim (1512-1516). Ce sont en l’occurrence l’influence sur la carrière de Dix des différents panneaux du célèbre retable et l’épisode de l’incarcération de l’artiste à Colmar (1945-1946) qui incitent le musée à mettre en regard ces deux maîtres incontournables de l’histoire de l’art allemand.
1. La redécouverte du retable d’Issenheim
En 1853, la Société Schongauer crée dans l’ancien couvent des Dominicaines de Colmar son musée Unterlinden autour du chef-d’œuvre de Grünewald, le retable d’Issenheim, saisi pendant la Révolution dans la commanderie des Antonins d’Issenheim. Dès lors, le public, parmi lequel de nombreux artistes (Goutzwiller, Corinth, Böcklin), critiques d’art (Teodor de Wyzewa), écrivains (Huysmans, Verhaeren) et historiens (Friedländer), est en mesure de découvrir cette œuvre maîtresse de l’histoire de l’art médiéval.
Dans le contexte de la montée du nationalisme et de l’annexion de l’Alsace à l’Empire allemand, Grünewald devient une source d’inspiration majeure pour les artistes germaniques du tournant du xxe siècle tels que Beckmann, Ernst, Heckel, Nolde, Wollheim ou Otto Dix. Dès ses débuts expressionnistes, avant la Première Guerre mondiale, Otto Dix s’inspire des motifs du retable d’Issenheim pour exécuter ses œuvres les plus dramatiques.
2. Dénonciation de la guerre et de ses conséquences
À l’issue du conflit, le retable d’Issenheim continue d’inspirer les artistes allemands. Otto Dix s’en empare, d’un point de vue tant formel que technique, pour exprimer l’horreur de la guerre (gravures de La Guerre, 1924 ; triptyque de La Guerre, 1929-1932) et de ses conséquences (triptyque de La Grande Ville, 1927-1928).
Peintre de la Nouvelle Objectivité, il dresse le portrait de la société décadente des années 1920. Sa représentation sans ménagement d’une humanité humiliée, de la misère, des soldats mutilés et des chairs déchiquetées lui vaut de violentes critiques de la part de ses contemporains.
3. L’émigration intérieure sur les bords du lac de Constance
Avec la montée du nazisme, Otto Dix doit démissionner de ses fonctions de professeur à l’école des Beaux-Arts de Dresde. Les thèmes empruntés au retable d’Issenheim, tels que l’agression de saint Antoine (déclinée en plusieurs versions entre les années 1930 et 1940), vont lui permettre de dénoncer l’idéologie nazie, les menaces qui pèsent sur la liberté artistique et son exclusion en tant qu’artiste dégénéré. Sans quitter l’Allemagne, il s’exile avec sa famille sur les bords du lac de Constance, où il se consacre essentiellement aux paysages et aux sujets bibliques, dans lesquels l’influence du retable de Grünewald reste présente.
4. Otto Dix à Colmar
Enrôlé dans le Volkssturm – la milice populaire censée épauler la Wehrmacht dans la défense du territoire du Reich –, Otto Dix est contraint de participer à l’âge de cinquante-quatre ans aux derniers combats de la Seconde Guerre mondiale sur le front occidental. Arrêté en Forêt Noire, il est incarcéré dans le camp de prisonniers allié du quartier du Logelbach à Colmar. Reconnu par le lieutenant français du camp comme l’un des représentants les plus fameux de la Nouvelle Objectivité, il bénéficie d’un traitement privilégié : il est intégré à un groupe d’artistes prisonniers et autorisé à travailler dans l’atelier du peintre colmarien Robert Gall.
En juillet 1945, à la suite de la réinstallation du retable d’Issenheim au musée Unterlinden, Otto Dix a l’occasion de se confronter à plusieurs reprises aux célèbres panneaux de Grünewald et d’y puiser une nouvelle fois son inspiration, notamment avec la réalisation d’un nouveau triptyque pour la chapelle catholique du camp de prisonniers (La Madone aux barbelés, 1945).
5. Le retour en Allemagne
Une fois de retour chez lui, en février 1946, à Hemmenhofen – sur les bords du lac de Constance –, Otto Dix continue d’être hanté par le retable. Il trouve dans la symbolique de Grünewald le prétexte à exorciser les conséquences de la guerre et de l’obscurantisme et à évoquer sa période d’incarcération. Face aux représentations du martyre de l’humanité point néanmoins chez Otto Dix l’inépuisable espoir d’une rédemption.
Les auteurs :
Frédérique Goerig-Hergott, commissaire de l’exposition, conservatrice en chef pour l’art moderne et contemporain, musée Unterliden
Aude Briau, historienne de l’art, Strasbourg
Birgit Schwarz, historienne de l’art, Vienne
Erdmuthe Mouchet, historienne
Christoph Bauer, directeur du Kunstmuseum de Singen
Daniel Schlier, coordinateur du département peinture, Haute école des arts du Rhin, Strasbourg
Coédition Editions Hazan/Musée Unterlinden de Colmar
Dès 1996, une exposition organisée à Colmar évoquait l’influence des maîtres anciens dans son œuvre, parmi lesquels Hans Baldung Grien, Matthias Grünewald, Lucas Cranach, Albrecht Dürer et Hans Holbein.
Cette fois, le musée Unterlinden souhaite analyser la place qu’occupe dans l’œuvre d’Otto Dix le chef-d’œuvre de Grünewald, le retable d’Issenheim (1512-1516). Ce sont en l’occurrence l’influence sur la carrière de Dix des différents panneaux du célèbre retable et l’épisode de l’incarcération de l’artiste à Colmar (1945-1946) qui incitent le musée à mettre en regard ces deux maîtres incontournables de l’histoire de l’art allemand.
1. La redécouverte du retable d’Issenheim
En 1853, la Société Schongauer crée dans l’ancien couvent des Dominicaines de Colmar son musée Unterlinden autour du chef-d’œuvre de Grünewald, le retable d’Issenheim, saisi pendant la Révolution dans la commanderie des Antonins d’Issenheim. Dès lors, le public, parmi lequel de nombreux artistes (Goutzwiller, Corinth, Böcklin), critiques d’art (Teodor de Wyzewa), écrivains (Huysmans, Verhaeren) et historiens (Friedländer), est en mesure de découvrir cette œuvre maîtresse de l’histoire de l’art médiéval.
Dans le contexte de la montée du nationalisme et de l’annexion de l’Alsace à l’Empire allemand, Grünewald devient une source d’inspiration majeure pour les artistes germaniques du tournant du xxe siècle tels que Beckmann, Ernst, Heckel, Nolde, Wollheim ou Otto Dix. Dès ses débuts expressionnistes, avant la Première Guerre mondiale, Otto Dix s’inspire des motifs du retable d’Issenheim pour exécuter ses œuvres les plus dramatiques.
2. Dénonciation de la guerre et de ses conséquences
À l’issue du conflit, le retable d’Issenheim continue d’inspirer les artistes allemands. Otto Dix s’en empare, d’un point de vue tant formel que technique, pour exprimer l’horreur de la guerre (gravures de La Guerre, 1924 ; triptyque de La Guerre, 1929-1932) et de ses conséquences (triptyque de La Grande Ville, 1927-1928).
Peintre de la Nouvelle Objectivité, il dresse le portrait de la société décadente des années 1920. Sa représentation sans ménagement d’une humanité humiliée, de la misère, des soldats mutilés et des chairs déchiquetées lui vaut de violentes critiques de la part de ses contemporains.
3. L’émigration intérieure sur les bords du lac de Constance
Avec la montée du nazisme, Otto Dix doit démissionner de ses fonctions de professeur à l’école des Beaux-Arts de Dresde. Les thèmes empruntés au retable d’Issenheim, tels que l’agression de saint Antoine (déclinée en plusieurs versions entre les années 1930 et 1940), vont lui permettre de dénoncer l’idéologie nazie, les menaces qui pèsent sur la liberté artistique et son exclusion en tant qu’artiste dégénéré. Sans quitter l’Allemagne, il s’exile avec sa famille sur les bords du lac de Constance, où il se consacre essentiellement aux paysages et aux sujets bibliques, dans lesquels l’influence du retable de Grünewald reste présente.
4. Otto Dix à Colmar
Enrôlé dans le Volkssturm – la milice populaire censée épauler la Wehrmacht dans la défense du territoire du Reich –, Otto Dix est contraint de participer à l’âge de cinquante-quatre ans aux derniers combats de la Seconde Guerre mondiale sur le front occidental. Arrêté en Forêt Noire, il est incarcéré dans le camp de prisonniers allié du quartier du Logelbach à Colmar. Reconnu par le lieutenant français du camp comme l’un des représentants les plus fameux de la Nouvelle Objectivité, il bénéficie d’un traitement privilégié : il est intégré à un groupe d’artistes prisonniers et autorisé à travailler dans l’atelier du peintre colmarien Robert Gall.
En juillet 1945, à la suite de la réinstallation du retable d’Issenheim au musée Unterlinden, Otto Dix a l’occasion de se confronter à plusieurs reprises aux célèbres panneaux de Grünewald et d’y puiser une nouvelle fois son inspiration, notamment avec la réalisation d’un nouveau triptyque pour la chapelle catholique du camp de prisonniers (La Madone aux barbelés, 1945).
5. Le retour en Allemagne
Une fois de retour chez lui, en février 1946, à Hemmenhofen – sur les bords du lac de Constance –, Otto Dix continue d’être hanté par le retable. Il trouve dans la symbolique de Grünewald le prétexte à exorciser les conséquences de la guerre et de l’obscurantisme et à évoquer sa période d’incarcération. Face aux représentations du martyre de l’humanité point néanmoins chez Otto Dix l’inépuisable espoir d’une rédemption.
Les auteurs :
Frédérique Goerig-Hergott, commissaire de l’exposition, conservatrice en chef pour l’art moderne et contemporain, musée Unterliden
Aude Briau, historienne de l’art, Strasbourg
Birgit Schwarz, historienne de l’art, Vienne
Erdmuthe Mouchet, historienne
Christoph Bauer, directeur du Kunstmuseum de Singen
Daniel Schlier, coordinateur du département peinture, Haute école des arts du Rhin, Strasbourg
Coédition Editions Hazan/Musée Unterlinden de Colmar
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