Une concorde urbaine

La petite ville de Senlis, lombre de Paris, a connu un destin bien singulier au regard de ses voisines. Le protestantisme sy est tt dvelopp mais la division de la ville en confessions rivales na pas entran de violences criminelles de grande ampleur. Senlis a ignor les massacres de la Saint-Barthlemy. Comment cette communaut urbaine est-elle parvenue se maintenir en paix et chapper aux troubles qui agitaient alors le royaume de France? Ce livre nous retrace lhistoire dun groupe de notables qui trouvrent dans la politique municipale le moyen daccomplir le rve dharmonie de Catherine de Mdicis. LHtel de Ville devint en effet le laboratoire dune rforme de la police, de lassistance et de lducation qui rpondait un profond dsir dordre et dunit. La conception du bien commun, sous-jacente laction municipale, relevait alors autant dune thique sociale que de la volont de servir la politique royale de tolrance civile. Lart de gouverner, nourri par lhumanisme et lide stocienne de matrise des passions, tendait ainsi loigner les malheurs du temps. Alors que le clerg local entreprenait une profonde rforme pastorale, les traditions locales consolidaient lidentit de la ville autour de la figure tutlaire de Rieul, le saint patron. Cette restauration gallicane est lune des clefs du consensus social. Elle aide aussi comprendre pourquoi le protestantisme, malgr une implantation prcoce et le recul de certaines dvotions, perdit de sa force dattraction. Le dsir dune foi unique se ralisant, la concorde urbaine permit Senlis de traverser les preuves des guerres de Religion.