- EAN13
- 9782021123623
- ISBN
- 978-2-02-112362-3
- Éditeur
- Seuil
- Date de publication
- 12/03/2015
- Collection
- L''UNIVERS HIST
- Nombre de pages
- 288
- Dimensions
- 20,6 x 14,1 x 2,1 cm
- Poids
- 326 g
- Langue
- français
- Langue d'origine
- français
- Fiches UNIMARC
- S'identifier
La démocratie contre les experts
Les esclaves publics en Grèce ancienne
De Paulin Ismard
Seuil
L''Univers Hist
Offres
Autre version disponible
Supposons un instant que le dirigeant de la Banque de France, le directeur de la police et celui des Archives nationales soient des esclaves, propriétés à titre collectif du peuple français. Imaginons, en somme, une République dans laquelle certains des plus grands serviteurs de l'État seraient des esclaves.
Ils étaient archivistes, policiers ou vérificateurs de la monnaie : tous esclaves, quoique jouissant d'une condition privilégiée, ils furent les premiers fonctionnaires des cités grecques. En confiant à des esclaves de telles fonctions, qui requéraient une expertise dont les citoyens étaient bien souvent dénués, il s'agissait pour la cité de placer hors du champ politique un certain nombre de savoirs spécialisés, dont la maîtrise ne devait légitimer la détention d'aucun pouvoir. Surtout, la démocratie directe, telle que la concevaient les Grecs, impliquait que l'ensemble des prérogatives politiques soit entre les mains des citoyens. En rendant invisibles ceux qui avaient la charge de son administration, la cité conjurait l'apparition d'un État qui puisse se constituer en instance autonome et, le cas échéant, se retourner contre elle. Que la démocratie se soit construite en son origine contre la figure de l'expert gouvernant, mais aussi selon une conception de l'État qui nous est radicalement étrangère, voilà qui devrait nous intriguer.
Ils étaient archivistes, policiers ou vérificateurs de la monnaie : tous esclaves, quoique jouissant d'une condition privilégiée, ils furent les premiers fonctionnaires des cités grecques. En confiant à des esclaves de telles fonctions, qui requéraient une expertise dont les citoyens étaient bien souvent dénués, il s'agissait pour la cité de placer hors du champ politique un certain nombre de savoirs spécialisés, dont la maîtrise ne devait légitimer la détention d'aucun pouvoir. Surtout, la démocratie directe, telle que la concevaient les Grecs, impliquait que l'ensemble des prérogatives politiques soit entre les mains des citoyens. En rendant invisibles ceux qui avaient la charge de son administration, la cité conjurait l'apparition d'un État qui puisse se constituer en instance autonome et, le cas échéant, se retourner contre elle. Que la démocratie se soit construite en son origine contre la figure de l'expert gouvernant, mais aussi selon une conception de l'État qui nous est radicalement étrangère, voilà qui devrait nous intriguer.
S'identifier pour envoyer des commentaires.
Autres contributions de...
-
Histoire philosophique du travailJean Quétier, Franck Fischbach, Emmanuel Renault, Katia Genel, Bertrand Binoche, Mickaël Labbé, Hans-Christoph Schmidt am Busch, Julie Giovacchini, Pierre-Marie Morel, Anne Merker, Paulin Ismard, Johann Goeken, Hadi RizkVrin
-
L'identification des personnes dans les mondes grecsRomain Guicharrousse, Paulin Ismard, Université Panthéon-SorbonneEd Sorbonne24,00