Julie

Nanagramme

Conseillé par
6 juin 2010

La vraie vie des jolies filles

Premier roman, "La Vraie vie des jolies filles" de Capucine Motte est un roman de l’ambition féminine démesurée. Froide et déterminée, Camille, son héroïne, est une prédatrice. Son régime alimentaire ? Des hommes riches, très riches, et appartenant à la haute société. Mais même avec un mets des plus délicats, il arrive qu’on s’étouffe.

Dans ce roman qui se lit d’une traite, Capucine Motte réussit le tour de force de ne pas rendre son héroïne détestable. Entre cynisme le plus profond et angoisses toutes féminines, Camille devient même plutôt attachante. Calculatrice, manipulatrice, elle est aussi désenchantée et fragile. Finalement, il n’est pas besoin d’être particulièrement arriviste pour se reconnaître, un peu, dans ce personnage. Peur de la fatale flétrissure de la jeunesse, poids du regard social et de la projection maternelle... Dur dur d’être une fille, quelle que soit son degré d’ambition. C’est finalement une question de morale que Capucine Motte pose, selon moi, dans ce roman : que gagne-t-on à être plus féroce encore que son environnement ?

Conseillé par
18 mai 2010

Même les cow-girls ont du vague à l'âme

Sissy Hankshaw est née avec les plus gros pouces qu’on n’ai jamais vu. Ce handicap (d’après l’avis de tous), la jeune fille en fait sa particularité. C’est décidé : l’autostop sera, plus qu’un hobby, sa ligne de vie. La magie de ces pouces hors du commun, Sissy en use sur toutes les routes du pays, du continent, voire du monde. Capable de faire s’arrêter n’importe quel véhicule et n’importe quel conducteur...

Ce qui aurait pu n’être qu’un simple récit initiatique ou de voyage prend un tour particulier lorsque la route de Sissy croise celle de Jellybean Bonanza, leader de la troupe de cow-girls qui ont investi La Rose de caoutchouc, un drôle de ranch au parfum de Canary Bay...

Dans les montagnes surplombant le ranch, vit un autre drôle de personnage, le Chinetoque, gardien d’une mystérieuse horloge dont l’ombre plane sur Sissy et les cow-girls dès les toutes premières pages.

"La main lourde"

Si la première moitié du roman est plutôt légère et d’une fantaisie rafraîchissante, la suite est plus "costaud". On y parle de dérives de la civilisation, des méfaits des hommes, de la suprématie des sociétés matriarcales, de la mère nature, de conscience, de magie, de poésie... On a parfois l’impression que l’auteur, par la voix du Chinetoque, essaye de nous enfoncer quelques sages pensées dans le crâne comme on essaye d’enfoncer un clou dans un mur en pierres... En toute connaissance du problème : "Vous savez, un livre sur une femme dotée de pouces gros comme des sacs de sucre a des chances d’avoir un tant soit peu la main lourde". Entre roman fantaisiste et roman d’idées, "Même les cow-girls ont du vague à l’âme" parvient quand même à trouver le bon équilibre et retombe sur ses pattes avec la parabole finale.